Sortie d’Afghanistan / Gouverner c’est prévoir

24 août 2021

English version below


La maxime « Gouverner c’est Prévoir » pose un principe rigoureux et le déroulement des faits, de l’Histoire, valide ou infirme les choix de gouvernement. Les ratés gouvernementaux, mais oui, un gouvernement peut se tromper, ouvrent matière à la critique. Et lorsqu’ils critiquent, les commentateurs devraient garder en mémoire, sur leurs notes de commentaire, l’immortelle pensée de Pierre Dac qui affirmait que
« Les prédictions sont hasardeuses, surtout en ce qui concerne l’avenir ».

Ces deux affirmations, celle de Pierre Dac et la maxime en exergue de l’introduction, devraient nous offrir une leçon d’humilité lorsqu’il s’agit de porter un jugement sur la sortie du conflit afghan qui ressemble à s’y méprendre à un désastre. À entendre les commentateurs, tous merveilleusement experts et informés, Biden a particulièrement mal géré le retrait.
En fait, de quoi s’agit-il ?

En préambule, il est fort tentant de penser que les services d’Ambassade, la CIA, les renseignements militaires, les ONG travaillant sur place ont tous fourni des rapports, dossiers, prévisions sur les déroulements possibles de l’évolution des rapports de force entre les forces rebelles, les Talibans et les forces gouvernementales afghanes. Sans remettre en cause le professionnalisme et la bonne foi de tous les intervenants, chacune de ces organisations utilise des méthodes, des sources, des visions différentes pour évaluer la situation et proposer une vision d’avenir. Il est évident que les points de vue du renseignement militaire, des services d’Ambassade, de la CIA ou des ONG ne peuvent converger vers des conclusions semblables. Comme l’ensemble des rapports ne peuvent atterrir dans les mains du président, ils font l’objet de documents de synthèse qui permettent au président d’arbitrer et passer de la réflexion à l’action. Et une fois l’action lancée, les forces de l’Histoire se mettent en route.

À entendre les commentateurs, Biden avait toutes les billes pour prendre la bonne décision.  Ceux qui avaient correctement prédit l’évolution de la situation n’ont pas manqué de le faire savoir. Si on les avait écouté, eux, tout se serait passé de façon optimale. Et ceux qui ont émis des rapports démentis par l’évolution, s’en sont-ils vantés, ont-ils pris leur part de responsabilité dans l’échec de la prise de décision ? Si la victoire génère une nombreuse famille, l’erreur reste orpheline. Ceux qui avaient prédit que l’armée afghane saurait faire face sont restés silencieux. Les chanceux de la prédiction ont hurlé leur triomphe lorsque le déroulé des événements leur aura donné raison. Lorsqu’il s’agit de prendre une décision, combien d’entre nous choisissent la solution « au pire ». Simple, jamais. Dans le doute, nous choisissons toujours la solution la plus probable, celle se rapproche au mieux de nos souhaits. Et j’ai la conviction que les choix faits par Biden et son équipe l’ont été à la majorité d’un consensus pondéré alors qu’il aurait fallu choisir la solution au pire. Aujourd’hui, il faut rattraper les morceaux, corriger le tir, sauver ce qui peut encore l’être.

Une fois de plus Pierre Dac fait preuve de sagesse en rappelant que
« Les prédictions sont hasardeuses, surtout en ce qui concerne l’avenir ».


The maxim « To govern is to predict » lays down a rigorous principle and the course of events, of history. History validates or invalidates the choices of government. Pointing out errors is the central activity of le News Medias. The commentators should keep in mind, on their commentary notes, the immortal thought of Pierre Dac who asserted that
« Predictions are risky, especially with what lies ahead ».

These two statements, that of Pierre Dac and the maxim in emphasis of the introduction, should offer us a lesson of humility when it comes to making a final judgment on the exit from the Afghan conflict. Today, this exit looks like a disaster. Listening to commentators, all wonderfully accurate and knowledgeable scholars, Biden particularly mismanaged the withdrawal.
If we agree with the above, are we so sure to hold a qualified opinion?

As a preamble, it is very tempting to think that embassy services, the CIA, military intelligence, the NGOs working on the ground all provided reports, Files, forecasts on possible scenarios of the evolution of the power relations between the rebel forces, the Taliban and the Afghan government forces. Without questioning the professionalism and good faith of all the stakeholders, each of these organizations uses different methods, sources and visions to assess the situation and propose a vision for the future. It is clear that the views of military intelligence, embassy services, the CIA or NGOs cannot converge on similar conclusions. If all the reports cannot end up in the hands of the President, they are the subject of summary documents that allow the President to arbitrate and move from reflection to action. And once the action is launched, the forces of history begin.

When listening to the commentators, Biden had all the tools to make the right informed decision.  Those who had correctly predicted the development of the situation did not fail to brag and point out that if Biden had listened to them, everything would have gone as smoothly as possible. And those who have issued failing reports, reports denied by the evolution of the situation, have they boasted about it, have they taken their share of responsibility in the failure of decision-making? No, they all remained silent. If the victory generates a large family, the error remains orphaned. Those who predicted that the Afghan army would be able to cope against the Taliban remained silent. When it comes to making a decision, how many of us choose the « worst case » solution? Simple, we never do. When in doubt we always choose the most likely path that favors our wishes. And I am convinced that the decisions Biden and his team made were taken among some credible reports showing  a balanced consensus. Unfortunately, in this situation  the worst-case solution should have been chosen.
Today, the US Admin has to catch up, correct the situation, save what can still be saved.

Once again Pierre Dac shows wisdom by recalling that
« Predictions are risky, especially with what lies ahead ».


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