Le Pompier Pyromane (Drogues)

mi-octobre 2017

Trump a fait de sa vocation à casser les règles une fin en soi, non pour faire progresser l’Amérique, mais pour faire parler de lui, mettre DJT au centre des conversations.

Dès son arrivée à la Maison Blanche il avait nommé un climato-sceptique à la tête de l’équivalent du ministère de l’écologie. Un bon départ. Sous l’administration de Trump, les nominations de ce genre sont devenues la règle. Toutefois, aujourd’hui la barre a été placée très haut. Voila de quoi il s’agit.

Depuis une dizaine d’années le nombre de morts par overdose de produits opiacés, produits censés lutter contre la douleur, croît de façon vertigineuse. Aujourd’hui, si l’on compile ces morts sur une dizaine d’années, le total est estimé à deux cents mille morts. Ce graphique émis par le CDC n’est pas du bidon et il ne couvre que la période 1999-2011. Je n’ai pas trouvé les derniers graphiques mais il n’y a aucune raison pour que la courbe se renverse.

Comment en est-on arrivé là.

Depuis des années, l’industrie pharmaceutique pousse à la consommation de médicaments. Tous les axes de développement sont ouverts, le syndrome d’hyper activité (TDAH) offre à la prescription de Ritaline des sommets jamais atteints en inventant de toutes pièces une maladie. Nombre de médecins psychiatres ont déclaré la guerre à une norme de mesure des maladies : le DSM version 5. Toutefois pour « bénéficier » d’une prescription de Ritaline, il faut impérativement passer sous les fourches caudines d’une prise en compte des symptômes avant toute prescription. Un réel garde-fou même si celui-ci est insuffisant.

Pour augmenter les ventes, il suffit de faire preuve d’imagination et trouver des pathologies où chacun saura se reconnaître et facilitera la mise en place de procédures adaptées à la diffusion de produits utiles. C’est une des grandes qualité de l’industrie pharmaceutique que de savoir valoriser les moyens de notre bien-être. Quoi de plus noble que la lutte contre la douleur. Quoi de plus efficace que certaines drogues « naturelles » pour ne pas dire Bio, que la marijuana ou l’opium. Lors d’un passage en Californie j’avais dénoncé l’hypocrisie de la vente au public de la marijuana à vocation médicale (Cliquer ici).

Restait l’opium.

Les lois US sont strictes en ce qui concerne les drogues, le bras armé de la loi se nomme le DEA (Drug Enforcement Administration). Cette administration disposait d’un pouvoir d’investigation très large, ses succès dans la lutte contre la drogue sont nombreux. Lors du second mandat d’Obama, le DEA s’était attaqué au problème des overdoses par opiacés médicaux.

Mode d’action du DEA

La chaîne de consommation se compose de cinq maillons. Le consommateur, le médecin prescripteur, le pharmacien, le distributeur de produits pharmaceutiques et le laboratoire producteur. Jusqu’à une époque récente, la loi imposait que chacun fasse remonter les usages, volumes ou prescriptions douteux.

Dans ces cinq maillons, pour avoir une action efficace, il faut repérer le maillon critique. Les consommateurs, les médecins et pharmaciens sont trop nombreux. Les laboratoires ne peuvent pas contrôler l’usage individuel fait de la production. Reste le canal de distribution.

Un médicament est soumis, comme toute activité, à des lois statistiques. Il est facile d’estimer la consommation moyenne d’aspirine, de hamburger, de cigarettes mentholées, d’essence ou d’électricité par habitant. Pour un mode de vie donné, ces valeurs sont transposables et permettent d’évaluer, pour un lieu, pour une population, l’écart à la moyenne. Certes il existe des variabilités qui modifient les quantités consommées d’un lieu à l’autre pour un produit donné. Mais globalement les variation restent explicables tant que l’on ne compare pas la consommation de carburant d’un banlieusard de New York avec celle d’un ouvrier du Bangladesh. Or certaines pharmacies, dans un bassin de population donné, se font livrer, per capita, cinquante à cent fois plus de produits opiacés que la moyenne nationale.

Le consommateur ne va pas spontanément se dénoncer. Le médecin répond à la demande insistante du patient. Le producteur produit ce qui est commandé. Reste le distributeur. Il était du devoir des distributeurs de remonter ces distorsions.

Le lobby pharmaceutique en a décidé autrement. En s’appuyant sur les bons sentiments de la légitimité de la lutte contre la douleur, le lobby a réussi à faire passer une loi, loi proposée par Tom Marino, votée à l’unanimité par le congrès, signée par Obama. Cette loi impose que seuls les individus soient menacés sur la base de faits avérés. Cette disposition dédouane les distributeurs, ils ne font que livrer des commandes passées.

Et devinez où est passé Tom Marino après le vote de la loi

Fastoche, il est devenu directeur général du plus gros distributeur de médicaments US. Comme l’aurait dit Pierre Déproges « Etonnant, non ? ».

Et qui Trump nomme-t-il en tant que « Drug Czar »

Le « Drug Czar » est l’homme nommé par le Président pour superviser l’action du gouvernement sur la drogue. Alors une petite idée du nominé ?

Lisez donc cet article. Ce n’est même plus un renard libre dans un poulailler libre, c’est donner les clefs du coffre au voleur.

Donald J. Trump est un criminel.

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